On ne badine pas avec la musique

Schopenhauer, qui ne cachetonnait pas chez Bouglione, disait : « La vie oscille, comme un pendule, de la souffrance à l’ennui ».

Cher Artie — excuse cette familiarité —,  sache que je ne cautionne pas tes dires, moi qui durant ces dernières décennies ai plutôt eu la chance extrême de partager avec d’autres les scènes, les heures de studio, les rires, la connivence artistique et le plaisir incommensurable de créer.

Fort de 822 œuvres déposées à la SACEM, j’ai abordé bien des domaines : chansons, BO de films, musiques pour l’animation, le théâtre, publicités, fictions etc. J’ai également initié des programmes courts, des idées à la con, des bouillonnements créatifs. Et j’ai même publié un roman ! 

Ce site de présenter un éventail de ce que produisent quotidiennement mes neurones. Avec des photos, des vidéos, des illustrations, de la musique bien sûr… et des bêtises.

Ici, vous vous trimballerez donc entre mes balbutiements au temps de Io, mon 1er groupe (photos), puis Au Bonheur des Dames, Odeurs, Ramon Pipin, Ramon Pipin Band et des tas d’autres choses sorties de ma cervelle en ébullition, tantôt franchement déconneuses, tantôt intensément musicales, voire tendres ou pamphlétaires. 

Contrairement à tant d’artistes qui étalent leurs problèmes auto-centrés sur leur ombilic, je m’intéresse avant tout au monde qui m’entoure et tente d’exprimer tout ça d’une manière ou d’une autre. L’artiste est une éponge.

© Kris Viala

Quelques mots sur ma méthode de travail en ce qui concerne mes chansons…

Rationaliste convaincu, je cherche depuis des lustres une explication au mystère de l’inspiration. Phénomène purement chimique ou neuronal ? Une muse en minijupe Mary Quant qui viendrait me visiter occasionnellement ? Substances hallucinogènes que je ne consomme pas qui boosteraient ma créativité ? La camomille ? 

Je m’impose sans relâche certaines contraintes avant d’avancer dans la construction d’une œuvre. Il me faut l’étincelle. Elle viendra d’une idée, d’un sujet, d’une phrase ou d’un mot. Prenons « La plouie » par exemple, d’Au Bonheur des Dames, dans « Metal moumoute » : soudain, alors que je vaque à des occupations banales surgit cette idée de remplacer les syllabes « u » par des « ou ». Oui, c’est une bonne piste je crois… mais cela ne pourra fonctionner que dans un écrin rutilant, me dis-je en mon for intérieur. Je m’assieds devant mon écran et les premiers vers naissent bientôt sous ma plume d’ordinateur : « La plouie tombe-t-au dehors, houmidifie, mes pompes bicolores ». Oui, ça marche… Je m’attelle alors à chercher une ambiance musicale pour sublimer ces lignes stupides. La suite ne sera que travail acharné. 

Cela peut aussi provenir d’un titre, d’un assemblage de mots, d’une séduisante consonance. Après quoi je commence à me creuser pour y associer les notes et l’instrumentation qui conviendront.

Adepte de la mélodie et biberonné aux incontournables Beatles, XTC, Brian Wilson, Gentle Giant et tant d’autres, une chanson peut aussi naître d’un riff, comme « Je promène le chien », voire d’un dessin rythmique. Le développement viendra dans un second temps, ma préoccupation majeure restant d’être inventif, de faire dresser l’oreille et de ne pas tomber dans la banalité, ce en m’astreignant à ne pas avoir deux couplets identiques, en créant des accidents etc. 

Fervent musicophage en quête de ma ration quotidienne de nouveautés, j’ai trop souvent l’impression d’entendre plusieurs fois le même titre sur un album et je m’efforce d’éviter cet écueil. J’ai lu récemment une analyse comme quoi les modulations avaient peu à peu disparu de la musique actuelle ; pas chez moi ! Et je rappelle qu’il y en a neuf dans « Penny Lane » des Beatles !

En ce qui concerne mes autres créations, elles viennent souvent d’une fulgurance inopinée, d’un fait qui m’interpelle ou me révolte, ou d’une idée qui surgit. Etant artisan solitaire, je m’efforce de la concrétiser.

J’espère que ma muse en mini skirt, qui ressemble à Twiggy déambulant dans Carnaby Street, continuera régulièrement à me rendre visite  et que je pourrais l’honorer encore un peu comme elle le mérite. Il ne me reste que 178 œuvres à produire pour atteindre 1000. 

Ramon Pipin